Nicolas Grunitzky, né le 5 avril 1913 à Atakpamé et mort le 27 septembre 1969 à Paris, est un homme d’État Franco-togolais. Il a été le deuxième président de la République togolaise indépendante du 16 janvier 1963 au 13 janvier 1967.
ORIGINES FAMILLIALES
Nicolas Grunitzky est né d’un père allemand (d’origine polonaise et d’une mère togolaise, qui était de la royauté Yoruba. Nicolas Grunitzky a eu deux filles : Isabelle Grunitzky et Rita Grunitzky.
EDUCATION ET DEBUT DE CARRIERE
Il suit des études d’ingénieur conducteur de travaux à l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP) de Paris, puis intègre l’administration coloniale avant de la quitter pour créer sa propre entreprise. Avant de devenir président, il a été secrétaire général du Parti togolais du progrès et a été élu à l’Assemblée territoriale togolaise en 1951. Nicolas Grunitzky a siégé à l’Assemblée nationale française. Il a été député français de 1951 à 1958, remportant les élections en 1951 et 1956. En tant que député, il a contribué à la législation et aux débats au sein de l’Assemblée nationale pendant cette période. Nicolas Grunitzky était également Premier ministre du Togo (alors sous le système colonial français de la loi cadre, qui a créé un gouvernement « national » limité dans leurs possessions coloniales.) de 12 Septembre 1956 au 16 Mai 1958. Il a été soutenu par la France et a occupé ce poste à la suite de la création du poste de Premier ministre dans la République autonome du Togo.
CONTEXTE HISTORIQUE AVANT LA MONTEE AU POUVOIR
La période qui va de 1960 à 1967 au Togo a été marquée par des bouleversements politiques et sociaux. Après l’indépendance du Togo en 1960, le pays a connu des difficultés pour établir une vie politique régulière dans le cadre du pluripartisme. Le gouvernement a eu du mal à fédérer les autorités issues des anciens pouvoirs locaux et à asseoir une jeune démocratie. Dans un contexte d’austérité économique et de rigidité politique, des tensions ont émergé entre les militaires et le président Sylvanus Olympio.
Dénué du brio d’un Senghor, de l’autorité d’un Houphouët, il se définit essentiellement comme un homme tranquille auquel la courtoisie et la modestie ont tenu lieu de méthode de gouvernement. Il a fallu de bien étranges circonstances pour que ce personnage rond, à la voix douce, se trouve réinvesti du pouvoir, en 1963, par un sanglant coup de force qui avait de surcroît coûté la vie à son beau-frère, Sylvanus Olympio.
Grunitzky a joué un rôle crucial dans les négociations avec la France pour l’indépendance du Togo. Il a su représenter les intérêts du pays et négocier les termes de l’indépendance de manière à garantir la souveraineté et l’autonomie du Togo.
Grunitzky a travaillé à mobiliser le peuple togolais en faveur de l’indépendance, en mettant en avant le sentiment d’appartenance nationale et en appelant à l’unité et à la solidarité dans la lutte pour l’autodétermination.
COUP D’ETAT ET MONTEE AU POUVOIR
Allié de longue date de la France, Nicolas Grunitzky devient le président de la République à la suite d’un coup d’État qui se conclut par l’assassinat du président Sylvanus Olympio, son beau-frère. Ce coup d’État, le premier de toute l’histoire de l’Afrique noire (le savais-tu ?) après les indépendances, est organisé par un groupe de soldats dirigé par le sergent Gnassingbé Eyadema ; c’est ce dernier qui renversera à son tour Nicolas Grunitzky le 13 janvier 1967.
Après l’intérim d’Emmanuel Bodjollé, Grunitzky est désigné président par intérim le 16 janvier. Il est ensuite élu président sans opposition le 5 mai suivant.
POLITIQUE PROMUE
Au pouvoir, Nicolas Grunitzky s’est efforcé de resserrer les liens avec la France, abandonnant le projet de monnaie nationale porté par son prédécesseur pour conserver le franc CFA et signant les accords de coopération Franco-togolais. Il a cherché à unifier le Togo en incluant plusieurs partis politiques dans son gouvernement et a mis en place un programme socioéconomique phare basé sur la planification socio-économique, décliné en quatre plans quinquennaux.
Pendant son mandat de Premier Ministre, Grunitzky avait un sens de l’humour bien particulier (Nous raconte Algirdas Julien Greimas, lié à la notion de “Discours programmateurs”). Lors d’une réunion officielle, il se trompa de discours et commença à lire une recette de cuisine à la place. Les dignitaires présents, perplexes, échangèrent des regards amusés. Grunitzky, imperturbable, continua à détailler la préparation d’un plat traditionnel togolais. Finalement, il s’interrompit, sourit et déclara : « Eh bien, mes chers collègues, voilà comment nous allons résoudre nos problèmes politiques : avec une pincée de sel, une cuillère d’huile et beaucoup de patience ! » La salle éclata de rire, et cette anecdote resta gravée dans les mémoires.
FIN DE CARRIERE
Le 13 Janvier 1967, le lieutenant-colonel Étienne Gnassingbé Eyadema a organisé un coup d’État militaire sans effusion de sang. Nicolas Grunitzky a été renversé, contraint à l’exile, il s’installe à Abidjan. Malheureusement, il a été victime d’un accident de voiture dans son nouveau pays d’adoption, la Côte d’Ivoire et est décédé des suites de complications à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris le 27 septembre 1969.
La fin du règne de Nicolas Grunitzky a été marquée par des tensions politiques et des bouleversements, mais son héritage reste ancré dans l’histoire du Togo.
Par ABDOULAYE AKOULO FLORENT
- REFERENCES
- « Biographie de Nicolas Grunitzky [archive] », sur assemblee-nationale.fr, Assemblée nationale (consulté le 5 janvier 2014).
- ↑ Revenir plus haut en :a et b Fanny Pigeaud, L’Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil, 2021, p. 256
- ↑ « L’arbre qui cache la forêt: le cas de Nicolas Grunitzky (1913-1969) [archive] » (consulté le 26 octobre 2013).
- ↑ « M. Nicolas Grunitzky est décédé à Paris Un homme de conciliation », Le Monde.fr, 30 septembre 1969 (lire en ligne [archive], consulté le 17 juillet 2022).
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