Angèle Aguigah, Loméenne des années 50, dans une époque où les études pour les femmes n’étaient pas une priorité selon les codes dictés par la société. Bien qu’Angèle ait grandi dans cet environnement, elle prit très tôt conscience de sa singularité : devenir une femme inspirante par les études supérieures exigeantes. Et aujourd’hui, bien qu’Angèle Aguigah soit au firmament des femmes influentes dans la sphère politique, elle se distingue d’un honneur tout particulier qui la définit. Elle est la première femme togolaise archéologue.
Elle a fait des études universitaires à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne de 1978 à 1986, où elle est diplômée d’une licence en archéologie et en histoire de l’art, d’une maîtrise, d’un DEA, puis d’un doctorat en archéologie africaine. En 1995, elle obtient un second doctorat sous la direction de Jean Devisse à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ce qui fait d’elle l’une des rares étudiantes d’Afrique de l’Ouest à être deux fois docteure. Un parcours de résilience qui forge une championne nationale. Après de brillantes expériences en France, elle a décidé de s’engager dans le domaine archéologique au Togo, et cela sans modèle féminin. Très tôt, Angèle montra une détermination infaillible qui lui permettra de prendre la responsabilité de certains projets ambitieux et surtout du programme archéologique du Togo.
Elle est maîtresse de conférences à l’Université de Lomé et à l’Université de Kara. Ses énormes réalisations seront à l’origine de sa reconnaissance à l’international où elle deviendra consultante sur le patrimoine culturel et conférencière. Ses projets de recherche tournent essentiellement autour des vestiges togolais, qu’elle valorise et pour lesquels elle œuvre pour l’inscription de la plupart au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme le paysage culturel de Koutammakou, sous son autorité en tant que ministre de la Culture du Togo. Dans ses réalisations, nous notons :
- Le site de Notsé : problématique de son importance historique des premiers résultats archéologiques, 1981
- Le site de Notsé : contribution à l’archéologie du Togo, 1986
- Les problèmes de conservation des chaussées en tessons de poterie du Togo, 1993
- Pavements et terres damées dans les régions du Golfe du Bénin : enquête archéologique et historique, 1995
- Approche ethnoarchéologique des survivances d’une technique ancienne d’aménagement du sol chez les Kabiye au Nord Togo, 2002
- L’archéologie à la recherche du royaume de Notsé, 2004
- Archéologie et architecture traditionnelle en Afrique de l’Ouest : le cas des revêtements de sols au Togo : une étude comparée, 2018
De brillantes réalisations et un parcours inspirant feront d’elle une figure majeure de l’archéologie togolaise. Par ses accomplissements, Angèle Aguigah ouvre la voie à une nouvelle génération de chercheurs et de chercheuses en quête de mémoire et de science archéologique, garantissant ainsi la transmission aux générations futures.
Écrit par AGBOGAN Kodjo Raoul, SGA CESTOM

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