Les femmes togolaises, sont le ferment de la lutte pour l’indépendance de notre pays. Il ne serait pas exagéré de dire que sans elles, on n’aurait pas eu notre indépendance. IL n’est pas ici question ni d’occulter, ni de minimiser les efforts des autres parties prenantes à la lutte pour l’indépendance de notre pays mais dans un souci méticuleux de restituer les faits dans leur exactitude, d’honorer notre devoir de mémoire, il faudrait reconnaitre que l’acquisition à la souveraine de notre pays est consubstantielle aux différents apports des femmes à la lutte pour l’indépendance. Leur détermination à toute épreuve, L’ingéniosité dont elles ont fait preuve pour déjouer ou contourner les différents obstacles mis en place par l’administration coloniale, leur don indispensable de soi, font d’elles à mon sens les pivots de la lutte pour l’indépendance de notre pays.

Cette singularité de la gente féminine togolaise, la bravoure, et la détermination qu’on peut lire dans les yeux de la femme togolaise ne date pas d’aujourd’hui. La guerre pour l’indépendance du TOGO a d’abord et surtout été la guerre des Togolaises, elles ne sont pas restées des observatrices passives, ne se sont pas uniquement cantonnées au rôle financier comme on semble si bien souvent nous le faire croire ; elles ont mis les mains dans le cambouis et parfois mettant extrêmement leur vie en danger. Les femmes militantes eurent à faire face à des brimades de tous genres, y compris les bastonnades, la répudiation des époux craignant pour leur position professionnelle, et même la mort pour certaines (Nicoué GAYIBOR, histoire togolaise : des origines aux années 1960 TOME4 p 590). L’une des figures de proue de ces femmes vaillantes ablodé est BAYU Lucia Kada épouse Gadégbékou (dite BAYI ABLODE).

QUI EST LUCIA BAYI?  QUELLE A ETE SON ROLE DANS LA LUTTE POUR L’INDEPENDANCE DE NOTRE PAYS ?

Patriote légendaire, c’est une héroïne nationale, elle était la principale animatrice du parti nationaliste CUT, elle entonnait les chants révolutionnaires.

Elle est née le 25 décembre 1913 à Lomé, commerçante, elle fut l’une des figures de proue de la lutte pour l’indépendance du TOGO. Son dévouement, sa bravoure, son mépris des risques, son enthousiasme à entrainer les autres militantes à sa cause, ses nombreuses chansonnettes composées en faveurs de l’indépendance lui valurent le surnom de Bayi ablodé.

Elle est morte le 5 décembre 1981 à 68 ans (Parti des travailleurs du TOGO, Togo : 27 avril 1958/1960, 30 biographies des artisans de l’indépendance nationale ablodé, volume 1). Un exemple de militantisme avéré des femmes selon TETEVI Godwin Tété Adjalogo. L’auteur raconte qu’en 1952, suite à l’interdiction par le haut-commissaire Yves Digo, de l’utilisation du train pour se rendre à un rassemblement des nationalistes à Aného, Bayi va, sans en aviser sa famille, s’y rendre à pied, alors qu’elle portait une grossesse à terme. Parvenue à Aného elle est blessée par baïonnettes à l’épaule par les forces de l’ordre et jetée sur un cactus. Saignante, elle fut ramenée à Lomé où elle accouche le 13 aout 1952, de son fils Koshivi Godfroy. La même source souligne au sujet de la même dame, qu’en 1957, le CUT rédigea un mémorandum à remettre aux membres de la délégation de la quatrième mission des Nations Unies (Mission King) au TOGO. Or, l’administration mit tous les moyens pour empêcher le contact direct entre ceux -ci et les nationalistes porteurs de revendications. Alors, Lucia Bayi fut encore celle qui a pu transmettre ce document à la délégation King en se déguisant en folle, une nuit. (Soalinane TCHINTCHANE , la participation politique des femmes au TOGO de 1946 à 2013, thèse de doctorat, université de Lomé) .

 Les femmes togolaises ont de tout temps répondu présente dans les moments charnières de l’histoire de notre nation, Bayi Lucia que j’ai surnommée Bayi l’audacieuse en est l’illustration parfaite.

Par WENU Kodjo Jean-Marie


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