Si elle avait un micro en main, elle commencerait sûrement par ces mots : ‘Le président me charge de vous dire…’ Mais cette fois, c’est elle qui voulait devenir présidente ! Une femme candidate à l’élection présidentielle au Togo, le savais-tu ?

Figure incontournable de la politique togolaise, Kafui Adjamagbo-Johnson incarne la réussite et la fierté nationale. Un modèle pour les jeunes filles, une femme de conviction, une véritable dame de fer… Mais qui est vraiment cette actrice politique aux multiples facettes ?

  • BIOGRAPHIE

            Née au lendemain de la fête de Noël pendant l’harmarttan 1958 ( 26 Décembre 1958 ), dans la localité des hommes qui marchent et dansent dans le feu, à Bassar au Nord-Oeust du Togo, Kafui Adjamagbo-Johnson est néé d’une famille médicale, d’un père médécin feu Dr Paul Adjamagbo et d’une mère sage-femme Comélie. Après des études primaires et secondaires au Togo, Kafui Adjamagbo-Johnson poursuit son cursus universitaire dans son pays natal, où elle obtient en 1983 une maîtrise en sciences juridiques. Animée par une soif de connaissance, elle s’envole ensuite pour Paris afin de se spécialiser en droit privé. Elle décroche successivement deux DEA, l’un en droit privé à l’université Paris V (Malakoff), l’autre en droit privé et droit comparé, avec une spécialisation en droits africains. Couronnant ce parcours académique brillant, elle soutient sa thèse de doctorat en 1986 à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.

De retour au Togo, elle rejoint l’École supérieure des carrières juridiques et administratives (ESACJ), aujourd’hui faculté de droit de l’université de Lomé, où elle enseigne d’abord en tant que vacataire avant d’être titularisée assistante en 1988.

  • CARRIERE POLITIQUE

En mars 2010, Kafui Adjamagbo-Johnson marque l’histoire politique togolaise en devenant la première femme à se porter candidate à l’élection présidentielle. Candidate de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), elle obtient 0,65 % des suffrages exprimés lors du scrutin du 4 mars 2010. Cette candidature symbolise une avancée significative pour la représentation féminine dans la politique togolaise.

  • Comment fût-elle cette ascension ?

Engagée en politique dès le début des années 1990, Kafui Adjamagbo-Johnson s’impose rapidement comme une figure incontournable de l’opposition togolaise. Membre fondatrice de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), elle joue un rôle clé lors de la Conférence Nationale Souveraine de 1991, où son éloquence et son sens du compromis lui valent le surnom de « Le président me charge de vous dire ». Forte de cette notoriété, elle siège ensuite au Haut Conseil de la République (HCR), le Parlement de transition, avant d’être nommée ministre du Bien-Être social, des Droits de l’homme et de la Solidarité nationale.

Au-delà de ses fonctions institutionnelles, elle milite activement pour les droits des femmes et la consolidation de la démocratie au Togo. En 1992, consciente des inégalités persistantes, elle cofonde le Groupe d’Action et de Réflexion Femmes, Démocratie et Développement (GF2D), qu’elle dirige jusqu’en 1997, œuvrant pour une meilleure représentativité des femmes dans les instances de décision.

  • L’après élection.

Depuis août 2012, Kafui Adjamagbo-Johnson poursuit son combat en tant que secrétaire générale de la CDPA, consolidant sa place parmi les figures majeures de l’opposition togolaise. En 2023, elle devient la seule femme élue sur la liste de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) à l’Assemblée nationale, affirmant ainsi sa détermination à défendre les valeurs démocratiques et à promouvoir une gouvernance plus inclusive.

Parallèlement à son engagement politique, elle milite activement pour la démocratie et les droits humains au sein de plusieurs organisations de la société civile. Elle a notamment joué un rôle central dans Non-Violence et Démocratie ainsi que dans le Collectif des Associations Féminines (CAF), structures ayant accompagné la lutte pour la démocratie aux côtés des partis d’opposition. Son influence dépasse les frontières du Togo : elle a présidé le Forum de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (FOSCAO) de 2004 à 2006, contribuant ainsi au renforcement des mouvements citoyens dans la région.

Aujourd’hui, elle est la coordinatrice du réseau sous-régional WILDAF/FEDDAF (Femmes, Droit et Développement en Afrique), où elle mène un plaidoyer en faveur des droits des femmes. À ce titre, elle a joué un rôle clé dans l’adoption en 2003, par l’Union africaine, du Protocole à la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples relatif aux Droits des femmes en Afrique. À travers son engagement multiforme, Kafui Adjamagbo-Johnson incarne une figure de résistance et de transformation, œuvrant sans relâche pour une société plus juste et plus égalitaire.

Elle a défié les attentes, brisé les tabous et montré que la politique n’a pas de genre. Aujourd’hui, Kafui Adjamagbo-Johnson continue d’inspirer, prouvant qu’une femme peut non seulement rêver de la présidence, mais aussi se battre pour l’atteindre. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, ce seront ces mêmes mots qui annonceront son triomphe : ‘Le président me charge de vous dire…’. Serait-elle l’idole de la première femme présidente du Togo ? Et, peut-être, un jour, la présidente elle-même ?

Florent Akoulo ABDOULAYE.

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